Le président égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi, a récemment accordé une grâce à deux figures emblématiques de la défense des droits de l’homme en Égypte : le chercheur Patrick Zaki et l’avocat Mohamed Al-Baqer. Cette décision intervient dans un contexte de tensions politiques et de critiques internationales à l’égard de la répression des voix dissidentes en Égypte.
Patrick Zaki, 32 ans, avait été condamné à trois ans de prison pour avoir dénoncé, dans un article de 2019, les discriminations subies par les chrétiens en Égypte. Son arrestation et sa condamnation avaient suscité une vague d’indignation parmi les défenseurs des droits humains, poussant certains à se retirer du « dialogue national » initié par le gouvernement. Après 22 mois de détention préventive, la grâce présidentielle lui a été accordée, une décision saluée par de nombreux militants.
Mohamed Al-Baqer, avocat de 42 ans, avait également été condamné à quatre ans de prison pour « diffusion de fausses informations ». Il avait été arrêté en 2019 lors de l’interrogatoire de son client, le célèbre blogueur prodémocratie Alaa Abd El-Fattah. Ce dernier, figure de la révolution de 2011, reste en détention malgré les appels internationaux à sa libération.
Ces grâces interviennent dans un contexte où les libertés en Égypte sont de plus en plus restreintes. Depuis l’arrivée au pouvoir d’Abdel Fattah Al-Sissi en 2014, la répression s’est intensifiée contre les universitaires, journalistes, artistes et autres militants. L’Égypte est désormais classée parmi les pays les moins respectueux des libertés universitaires, aux côtés de nations comme l’Arabie saoudite, la Turquie et la Chine.
Bien qu’Al-Sissi ait pris des mesures symboliques, comme la nomination d’un copte à la tête de la Cour constitutionnelle et sa présence annuelle à la messe de Noël, les discriminations envers la minorité chrétienne persistent. Les militants coptes dénoncent régulièrement des inégalités, notamment dans l’accès à la fonction publique.
Ces grâces présidentielles, bien que bienvenues, soulèvent des questions sur l’avenir des droits de l’homme en Égypte. Elles rappellent la nécessité d’un dialogue ouvert et constructif pour garantir les libertés fondamentales de tous les citoyens égyptiens.