Le monde scientifique est secoué par un scandale révélé par le quotidien espagnol El País, selon lequel l’Arabie saoudite a acheté discrètement des dizaines de scientifiques de renom, y compris des Espagnols, pour qu’ils signent de « fausses déclarations » indiquant leur affiliation à des universités saoudiennes. Cette manipulation permet aux établissements saoudiens de grimper dans les classements internationaux, notamment le prestigieux classement de Shanghai.
Des chercheurs espagnols, britanniques, italiens, allemands et chinois ont été concernés par cette pratique, qui exploite une faille du classement de Shanghai. Ce dernier prend en compte, entre autres critères, le nombre de professeurs figurant dans la base de données Clarivate des 7 000 chercheurs dont les publications sont les plus citées au niveau mondial.
Pour attirer ces chercheurs, l’Arabie saoudite leur a proposé des contrats lucratifs, incluant des salaires élevés, des voyages en première classe et des séjours dans des hôtels de luxe. En échange, les scientifiques devaient déclarer leur affiliation à une université saoudienne dans la base de données Clarivate, tout en continuant à travailler dans leur université d’origine.
Cette stratégie a permis aux universités saoudiennes du Roi-Saoud et du Roi-Abdulaziz de se hisser entre la 101e et la 150e place du classement de Shanghai en 2022. L’Arabie saoudite compte désormais 112 chercheurs dans la liste des scientifiques les plus cités au monde, soit cinq fois plus que l’Allemagne.
Ce scandale met en lumière non seulement les manigances peu éthiques de l’Arabie saoudite, mais aussi la problématique de la course à la publication dans le monde de la recherche. De nombreux experts de l’éthique scientifique appellent à une réforme en profondeur du système, qui favorise actuellement la quantité de publications plutôt que leur qualité.